LA
MALADIE CHEZ L'ANIMAL
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L'approche de la maladie chez l'animal portera sur les carnivores sauvages
(renard) et domestique (chien) ainsi que sur les rongeurs dans la mesure
où ce sont les animaux hôtes les plus répandus en France.
Les symptômes
Chez
l'hôte définitif
Chez l'hôte définitif, la maladie est généralement
asymptomatique. Les carnivores ne semblent pas être gênés
outre mesure. Toutefois, la maladie s'accompagne éventuellement de
prurit anal (démangeaison) et, en cas de lourde charge parasitaire,
d'une entérite (inflammation de l'intestin grêle, se traduisant
par des douleurs abdominales et de la diarrhée).
Chez l'hôte intermédiaire
La larve se développe dans son foie, en lysant les cellules hôtes.
Les symptômes cliniques et les pathologies varient d'un individu à l'autre.
Dans le cas où le rongeur n'a pas été consommé par
un prédateur, le développement alors excessif de la larve provoque
chez celui-ci une modification de son comportement : en phase d'agonie, ce
dernier erre, ne fuit plus, induisant à l'évidence une vulnérabilité plus
grande vis-à-vis du renard.
Le diagnostic
Chez
l'hôte définitif
Autopsie :
Le diagnostic le plus utilisé après l'autopsie est la sédimentation (référencée
par l'OMS) qui consiste à extraire l'intestin grêle du corps
du carnivore et racler sa surface intérieure, afin de récupérer
les vers adultes (Hofer et al., 2000). Ces derniers sont mis en suspension,
filtrés puis observés au microscope (loupe binoculaire, grossissement
*20 ou *40) et dénombrés (WHO/OIE, 2001). Cette technique a
une sensibilité et
sa spécificité sont
de 100%.
Remarque : La sensibilité et la spécificité d'un test
sont établies par rapport à une technique de référence.
Pour le diagnostic d'E.multilocularis, cette technique est l'autopsie par
sédimentation.
Pour une population donnée, on appelle Sensibilité d'un test
le rapport entre le nombre d'individus positifs obtenus par la technique à évaluer
et le nombre d'individus positifs de la technique de référence.
On appelle Spécificité d'un diagnostic, le rapport entre le
nombre d'animaux non infectés de la technique à évaluer
et le nombre de négatifs de la technique de référence.
Détection des anticorps circulants (sérologie - ELISA) :
Les antigènes d'E.multilocularis peuvent interagir avec le système
immunitaire de l'hôte et engendrer la production d'anticorps spécifiques.
Ces antigènes peuvent être détectés par test ELISA
(Enzyme-linked immunosorbent assay).
Détection des copro-antigènes par ELISA :
Ce test immunoenzymatique détecte spécifiquement l'antigène échinococcique
dans des échantillons de selles de chien, de chat et de renard. Le
test utilisé par l'Entente et l'AFSSA est le CHEKIT-ECHINOTEST conçu
par Deplazes (Deplazes et al., 1997, Deplazes et al.,1999).
Ce test possède une faible spécificité dans la mesure
où les antigènes utilisés sont dirigés à la
fois contre E.granulosus et E.multilocularis. Cela ne devrait pas influer
sur les recherches en cours dans la mesure où E.granulosus est peu
présent sur le territoire de travail actuel. De même, la sensibilité du
test de 80% n'est pas suffisante pour un contrôle individuel. En revanche
lorsqu'on réalise un screening sur une grande population le test demeure
performant (Deplazes, communication personnelle 2002).
PCR : Polymérase Chaine Réaction :
La PCR est une technique de biologie moléculaire qui consiste en l'amplification
spécifique d'une partie de l'ADN double brin (Sakai, 1989) du parasite.
Chez
l'hôte intermédiaire
Le diagnostic clinique n'est pratiquement jamais établi. D'une façon
générale, le diagnostic est établi à l'autopsie
du foie. Une observation macroscopique permet de mettre en évidence
les lésions du au développement de la phase larvaire. Pour
les petites lésions, la confirmation du diagnostic est faite par PCR
ou ELISA.
Conclusion :
L'hôte définitif ne semble pas souffrir de la présence
du parasite. Bien qu'il existe plusieurs techniques de dépistage,
il reste des efforts à faire dans ce domaine afin d'augmenter la spécificité des
tests.
Le contrôle et le traitement
chez l'animal
Chez
l'hôte définitif
De nombreuses substances ténifuges et ténicides sont connues
(EUZEBY.J, 1966), mais le traitement de l'échinococcose multiloculaire
ne peut utiliser n'importe quel médicament. En effet, aucun des composés
chimiques actuellement disponibles n'exercent sur ce parasite d'action ovicide
(tuant les oeufs). Ainsi, le traitement seul n'a t-il aucun effet prophylactique,
car s'il libère
les animaux de leurs cestodes, il disperse les éléments contaminant
dans la nature, sources de contamination des herbivores et omnivores. Le
traitement des animaux porteurs des vers adultes doit donc, obligatoirement, être
suivi de la collecte et de la destruction des fèces émises
après l'intervention. Au niveau du déparasitage de la faune
sauvage, ce protocole est impossible. Dans l'état actuel des connaissances,
il semblerait que seul un traitement anti-parasitaire prolongé pourrait
venir à bout des vers et des œufs, excrétés dans
l'environnement. Plusieurs anthelminthiques ont prouvé leur action
contre les vers adultes ou les larves mais seul le praziquantel offre à la
fois une efficacité et une bonne tolérance chez l'animal. C'est
la molécule active utilisée lors de contrôle sur le terrain.
La molécule de Praziquantel (DRONCIT, Bayer) a été reconnue
très active chez le chien. Elle est efficace contre les formes larvaires
(métacestode) mais n'est pas ovicide (Dictionnaire des Médicaments
Vétérinaires 2001) .
C'est la molécule utilisée dans tous les programmes de contrôle
réalisés en Allemagne, Suisse et Japon.
Ces traitements reposent sur la vermifugation des renards avec des appâts à base
de praziquantel.
Seul Bayer possède l'autorisation de mise sur le marché.
Chez
l'hôte intermédiaire
De nombreuses opérations ont été mises en place essentiellement
dans les régions de moyenne montagne ou de plaine, à vocation
prairiale (Auvergne, Franche-Comté, Lorraine, Savoie), où les
campagnols trouvent des lieux très favorables à leur développement.
Des études portant sur les dynamiques de population et les cycles
de pullulation ont été menées parallèlement à l'étude
du cycle d'Echinococcus multilocularis (Delattre et al. 1988). En revanche,
aucun programme de lutte contre les rongeurs prairiaux n'a été mené dans
le but de réduire la prévalence de la maladie. Seul le contrôle
d'E.m chez l'hôte définitif a été envisagé et
réellement mis en œuvre.
Pour lutter contre les campagnols, la stratégie développée
massivement a été celle de la lutte chimique qui utilisait
un anti-coagulant, la bromadiolone permettant de protéger temporairement
les récoltes (Pascal 1999). En revanche, elle affectait beaucoup les
espèces non cibles (carnivores, rapaces, gibier) dont certaines sont
prédatrices et contribuent à la régulation des populations
de campagnols (SAGIR 1992, 1998 et 1999). Les effets sur l'environnement
ne sont donc pas négligeables et dans la plupart des cas, il n'y a
pas d'amélioration du dysfonctionnement. La bromadiolone est à court
terme efficace lorsque la densité de campagnols est réduite.
Si son utilisation est faite en période de pullulation, elle ne permet
pas de diminuer les populations. Elle nécessite également l'intervention
d'un personnel expérimenté. Enfin les agriculteurs aujourd'hui
préfèreraient pratiquer des méthodes de lutte plus intégrées
car l'utilisation de la bromadiolone nuit à leur image et à celle
de leurs produits.
C'est pourquoi les moyens
mis en œuvre pour gérer au mieux ces
populations tendent à être plus respectueuses de l'environnement
et rentrent dans le cadre d'une gestion intégrée du paysage
et des populations hôtes (Delattre, communication personnelle).
La lutte chimique contre les campagnols est actuellement insuffisamment rentable
pour intéresser la pharmaco-industrie. La possibilité de trouver
des molécules nouvelles plus spécifiques et plus performantes
que celles disponibles sur le marché est en conséquence très
faible.
Les équipes travaillant dans ce domaine s'orientent maintenant vers
des stratégies de lutte chimique raisonnée. La mise au point
de méthodes de régénération rapide des prairies
après passage des pullulations est également envisagée.
L'INRA
de Montpellier et le Laboratoire de Biologie et Ecophysiologie
de l'Université de Franche-Comté préconisent à l'avenir
des mesures favorisant l'action des prédateurs (INRA Montpellier 2001).
Enfin à long terme la reconstitution des réseaux de haies est
envisagé comme moyen de diminuer la connectivité des habitats
favorables aux campagnols.
Conclusion
Les traitements sont
efficaces pour libérer les hôtes de leurs
parasites. En revanche, aucun ne montre d'action ovicide. Les contrôles
d'E.multilocularis réalisés sur le terrain font tous appel à la
vermifugation des carnivores à l'aide de praziquantel qui montre à la
fois une bonne efficacité et est toléré par les carnivores.
Les relations établies précédemment entre les densités
de renards et de rongeurs
nécessitent de gérer les populations d'hôtes intermédiaires
et d'éviter leur développement excessif.