UNE
ZOONOSE MORTELLE POUR L'HOMME
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Notre étude portant essentiellement sur le monde
animal, nous développerons succinctement quelques connaissances sur
la maladie humaine.
Les symptômes
Chez l'homme,
le stade larvaire du parasite a une localisation essentiellement hépatique et son évolution est le plus souvent fatale lorsque
le diagnostic est établi tardivement.
Les analyses épidémiologiques permettent de considérer
que seules 10% des contaminations sont réellement suivies de maladie
: on parle alors de formes " progressives ". Ainsi, dans la plupart
des cas, le système immunitaire de l'homme est efficace (Vuitton D.A.
1990) et la maladie est spontanément résolutive : on parle
de formes " abortives " (Bresson-Hadni, communication personnelle
2002).
La durée de l'incubation de l'échinococcose est extrêmement
variable et peut être de plusieurs années ou dizaines d'années
(de 5 à 15 ans).
L'atteinte hépatique peut être comparée à celle
observée dans le cancer primitif du foie. L'ictère (coloration
jaune de la peau et des muqueuses, due à l'imprégnation des
tissus par les pigments biliaires), l'ascite avec splénomégalie
(augmentation du volume de la rate) sont fréquemment rencontrés.
D'autres symptômes comme la fatigue, la perte de poids, l'augmentation
du volume du foie (hépatomégalie) sont des maux également
observés (Bresson-Hadni et al, 1997).
L'évolution de l'hydatidose alvéolaire est progressive et maligne.
La lésion est multiloculaire avec un centre souvent nécrotique.
D'éventuelles métastases entraînent la formation de kystes
secondaires dans divers organes. L'issue de la maladie est souvent fatale
: la mortalité dépasse 95%.
Le diagnostic
La phase d'installation
de la maladie étant relativement longue et
silencieuse, le diagnostic est donc très rarement évoqué en
début d'affection. Deux types d'examens permettent cependant d'établir
le diagnostic : les examens biologiques et les examens morphologiques.
Les examens biologiques
Examens biologiques non spécifiques : Ce sont des examens qui ne sont
pas dirigés c'est-à-dire que celui-ci est réalisé lors
d'un contrôle de routine.
Mesure de la concentration
sérique de la bilirubine totale et de
sa fraction conjuguée :
Elle
est
proportionnelle à l'intensité de
l'ictère (Bresson-Hadni S, Miguet JP, Vuitton DA 1988)
Mesures des gamma-glutamyltranspeptidases et des phosphatases
alcalines :
Elles sont anormalement élevées. Respectivement 20 et 6 fois
supérieures aux valeurs normales (Bresson-Hadni S, Miguet JP, Vuitton
DA 1988)
Mesures des Gammaglobulines :
Elles sont supérieures à 30g /L
Mesure de l'éosinophilie :
Valeures supérieures à 7 %
Sachant que dans la plupart des cas douteux, on se dirigera alors vers des
tests
spécifiques.
Examens biologiques spécifiques : Les tests spécifiques sont des
examens dirigés. Cela signifie que le diagnostic de l'échinococcose
alvéolaire a été réalisé auparavant. On sait
avant ce contrôle que la personne est atteinte par le parasite. Ils mettent à profit
les tests humoraux (Gottstein, Eckert et Fey, 1983 ; Gottstein 1992 ; Bresson-Hadni
et al. 1994) et cellulaires (Vuitton, Bresson-Hadni et Leny 1988 ; Bresson-Hadni
et al. 1989).
Les examens morphologiques
Echographie abdominale: examen de base, réalisé en première
intention (Amoh K, Arakaw K 1986, Chosi K 1992),
Tomodensitométrie : elle est toujours pratiquée après l'échographie (Chosi et al. 1992),
Comme
une simple radio Le sujet est placé dans l'anneau d'un appareil ou un faisceau de rayons X balaie un plan donné du cerveau. Des détecteurs mesurent la quantité de rayons absorbés par les tissus et transmettent les informations à un ordinateur. Le produit de contraste Un produit de contraste, de l'iode est souvent nécessaire pour visualiser les différents organes. |
Durée L'examen dure de 15 à 45 minutes mais si le patient a déja présenté des allergies à l'iode, un produit antilallergie lui est administré et un délai supplémentaire d'une heure est nécessaire. |
Cet
appareil fonctionne au moyen d'un aimant et d'ondes radio pour produire
des images des organes et des tissus de l'organisme.
L’appareil ressemble à un scanner, à la différence
près que ce n’est pas un bloc d’irradiation, mais de
résonance qui est utilisé. A l’intérieur se
trouve un aimant en forme de fer à cheval, qui produit un champ
magnétique, et une bobine émettant une onde radio d’une
fréquence précise. Les aimants utilisés pour créer
le champ magnétique sont des aimants permanents, résistifs
ou supraconducteurs (les plus répandus). L'appareil d'IRM se trouve
placé dans une pièce claire et aérée. Le patient
est installé confortablement sur un lit mobile qui glissera doucement
dans l'ouverture de l'appareil et se stabilisera pour commencer l'examen.
Autres explorations :
- radiographie pulmonaire standard,
- tomodensitométrie thoracique et cérébrale : systématique.
Les traitements
Le traitement le plus utilisé est l'opération chirurgicale
: la résection de la lésion entière du foie ou d'autres
organes semble la technique la plus efficace. Un traitement chimiothérapique
accompagne souvent l'exérèse ou est prescrit lorsque la lésion
est inopérable (Bresson-Hadni, communication personnelle 2002).
Autre alternative, la ponction évacuatrice des kystes, préconisée
par l'Organisation Mondiale de la Santé quand le sujet est inopérable.
Des dépistages sérologiques, une information des praticiens
et la généralisation de l'échographie conduisent à des
diagnostics plus précoces.
La
chimiothérapie
L'efficacité des benzimidazoles contre le stade métacestode
d'E.multilocularis a été prouvé en chimiothérapie
chez l'homme et leur utilisation est pratiquée depuis 1975. Les
médecins préconisent ce traitement lorsque les lésions
sont inopérables ou mal placées (convergences des vaisseaux,
veine cave inférieure).
Essentiellement deux composés benzimidazolés ont trouvé leur
place, en interférant avec la consommation du glucose par le cestode,
l'albendazole (Horton R.J., 1989) (ESKAZOLE, SmithKline Beecham) et le
mébendazole (Luder et al., 1985) (VERMOX, Janssen) (Gérard
A, Canton P 1992).
Ces molécules actives sont efficaces, et peuvent stabiliser les
lésions si elles sont administrées à long cours, et à bonne
posologie.
L'effet n'est essentiellement que parasitostatique ce qui signifie que
le développement du parasite est inhibé. L'albendazole est
le composé choisi en premier recours : il est plus efficace et moins
coûteux (Reuter.S, Jensen.B et al. 2000).
L'exérèse
chirurgicale
L'exérèse chirurgicale est préconisée lorsque
les lésions sont limitées au foie et au diaphragme. Avant
la découverte de substances antihelminthiques, cette technique était
la seule pratiquée.
La
transplantation hépatique
Elle est préconisée lorsque l'état du malade le permet
(selon l'âge également) et quand la maladie est très
développée et très symptomatique. Les formes non réséquables
peuvent actuellement être traitées par transplantation (Bresson-Hadni
S, Franza A, Miguet JP 1991).
Les drainages chirurgicaux
Cette technique permet de récupérer la bile grâce à un
drain, accompagné d'une antibiothérapie ciblée (bactéries
gram négatif,…).
Le liquide hydatique est alors aspiré ainsi que les scolex et les
membranes.
Le Suivi médical
La prise en charge du malade a permis d'améliorer le bilan des patients
, leur état de santé : le développement du parasite
est suivi et il est donc possible d'intervenir rapidement si la lésion évolue.
Le suivi médical est réalisé de deux façons
:
- par échographie : suivi du développement de la lésion,
- par bilan sanguin : détection des infections biliaire et sanguine.
La prévention
chez l'homme
Il n'existe aucune vaccination contre l'échinococcose alvéolaire,
aussi afin de limiter les risques de contamination, le public doit être
averti des précautions à prendre et des facteurs de risque.
Pour cela la Mutualité Sociale Agricole de Besançon, avec
l'appui de médecins de l'hôpital Jean Menjoz (Vuitton, Bresson-Hadni)
a réalisé un document d'information et de sensibilisation
(MSA Besançon, fantomas des prairies).
Le contact avec un animal domestique ou sauvage doit impérativement être
protégé. Si l'on vient à manipuler un renard, il est
bon de le placer dans un sac plastique et de le manipuler avec des gants.
Le lavage des mains est un acte systématique.
La divagation des chats et des chiens est à éviter et principalement
pour limiter la capture de rongeurs sauvages. Le contrôle parasitaire
chez les carnivores domestiques passe avant tout par une vermifugation
régulière au praziquantel et le ramassage précautionneux
des fèces qui seront par la suite détruites (2 à 3
jours).
Concernant les risques d'être contaminé par consommation de
végétaux souillés, il est recommandé de clore
son jardin et d'éviter de ramasser des végétaux sauvages à ras
du sol. En revanche la cuisson des aliments permet d'écarter toutes
possibilités de contamination. Enfin en zones d'endémie on
ne peut qu'encourager la population à réaliser un contrôle
sérologique et échographique.
Chaque année l’E.R.Z rédige également
des notes
de synthèse concernant l'échinococcose alvéolaire
diffusée aux Conseillers
Généraux, au Laboratoires
Départementaux Vétérinaires, aux Directions des Services
Vétérinaires mais également aux Fédérations
Départementales de Chasseurs et aux Services de garderie. Cette
large diffusion avait pour but de sensibiliser les décideurs et
d'encourager les départements à informer les citoyens et à adhérer à l'Entente
afin d'être autorisé à prospecter leurs départements.
Conclusion
L'Echinococcose alvéolaire est une maladie mortelle pour l'homme.
Même si des traitements existent, ceux-ci ne permettent pas la guérison.
En revanche, l'évolution des calcifications est stoppée.
Des vies sont sauvées grâce aux progrès en terme de
diagnostic et à la sensibilisation à la fois du monde médical
et de la population.
Les risques de contamination seront moindre grâce à la mise
en place d'un réseau d'information, de vulgarisation de la maladie
mais surtout par des mesures simples de prévention qui passent avant
tout par un déparasitage des animaux domestiques sous contrôle
vétérinaire.